Portrait de femme : Dorna Javan

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Découvrez le 6e portrait de notre série « Portraits de femmes de Sciences Po Lyon ».

Découvrez le 6e portrait de la série « Portraits de femmes » :

Dorna Javan

Doctorante et enseignante-vacataire en science politique à Sciences Po Lyon.

 

Qui êtes-vous ? Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

Je suis doctorante et enseignante-vacataire en science politique à Sciences Po Lyon. Je prépare une thèse sur la politique environnementale et les mobilisations et mouvements écologistes en Iran.

 

Est-ce qu’être une femme a eu une incidence pour vous dans votre trajectoire professionnelle ?

Oui malheureusement, mais ce genre de problème ne dépend pas de moi mais plutôt de la société, c’est-à-dire des constructions sociales (comme par exemple l’excellence académique ou les responsabilités familiales), des inégalités de genre et des discriminations. Je pense que ce genre de problématique a conduit à la sous-représentation de femmes dans le milieu académique ou parfois même à l’abandon de la carrière universitaire.

 

Comment avez-vous vécu l’évolution des luttes pour les droits des femmes au cours de votre carrière ?

Je viens d’un pays où moi, tout comme beaucoup de femmes, sont victimes non seulement d’un système politique et idéologique hostiles aux droits des femmes, mais aussi où le port du voile est obligatoire et imposé par force, et où il existe un apartheid de genre et une ségrégation sexuelle systématique à l’égard des femmes. Les femmes sont aussi premières victimes des inégalités socio-économiques et des inégalités environnementales. Difficile alors de ne pas être féministe, car ce contexte politique économique et social nous oblige à nous battre tous les jours. Cela nécessite même une lutte intersectionnelle, non seulement contre un régime dictatorial, mais aussi contre un système patriarcal, contre le système capitaliste et aussi contre les répressions et discriminations exercées à l’encontre des minorités nationales.

Mais cela ne signifie pas que les conditions des droits des femmes sont meilleures au niveau mondial ou même dans les contextes démocratiques développés. Il suffit de lire les rapports sur le taux de féminicide, le viol, le harcèlement, la parité, ou l’égalité… Malheureusement, le dernier rapport d’ONU Femmes indique que nous n’atteindrons pas cette égalité avant près de 300 ans. Ce qui est désespérant, quand on apprend qu’en 2021, le salaire moyen des femmes a été inférieur de près de 24 % à celui des hommes. Et la parité politique, n’est qu’une illusion, une illusion d’égalité.
Donc la lutte des femmes continue et continuera encore pour longtemps, car l’égalité n’existe pas !

 

Y a-t-il des femmes qui ont été des modèles pour vous ou qui vous ont inspirée ?

Emma Goldman, Clara Zetkin, Tahere Goratol-Eyn (Iran), Hamideh Javanshir (Azerbaïdjan), Rosa Parks, Simone de Beauvoir, Judite Butler, Gisèle Halimi, Rokhaya Diallo, et particulièrement les féministes intersectionnelles.

 

Si on vous dit « Lutte pour les droits des femmes » que répondez-vous en 3 mots ?

Impossible de réduire la lutte pour les droits des femmes en 3 mots. Mais je vais le résumer en trois parties :
1. L’égalité de genre (égalité salariale, accès à l’emploi, parité en politique, IVG…).
2. L’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (discrimination ethno-raciale, ethnolinguistique, économique, ou mieux dire les inégalités socio-économiques et les inégalités environnementales).
3. L’élimination de la violence à l’égard des femmes telle que : la violence domestique, les féminicides, viols, harcèlement, la persistance d’un sexisme systémique en politique qui stigmatise les femmes.